Patricia, Libraire Caribéenne au Bon Marché : sélection de livres et représentation d’auteurs Noirs

Promouvoir la Littérature d'Auteurs Noirs dans un Espace de Luxe


Nichée au deuxième étage du Bon Marché, l’un des grands magasins les plus emblématiques de Paris, se trouve une librairie où Patricia, libraire Caribéenne, joue un rôle clé dans la sélection des ouvrages.

Sa présence dans cet espace est significative—non seulement en tant que libraire expérimentée, mais aussi comme porteuse d’une perspective diversifiée dans un cadre à la clientèle majoritairement blanche.

Dans cet échange, nous explorons son processus de sélection des livres, les défis et opportunités liés à la mise en avant d’auteurs noirs dans un environnement de luxe, ainsi que l’influence de son héritage Caribéen sur son approche de la littérature.

Peux-tu nous parler un peu de ton parcours et de ce qui t’a menée à devenir libraire au Bon Marché ?

J’ai commencé par des études en économie après le bac, mais très vite j’ai compris que ce n’était pas ma tasse de thé alors je suis partie vivre en Angleterre en tant qu’au pair. J’ai découvert une culture qui se rapprochait un peu des traditions aux Antilles. Il ne faut pas oublier que la Martinique avait appartenu aux Anglais au moins deux fois dans son histoire. J’ai aussi séjourné au Etats Unis, donc on peut dire que mon parcours est culturellement « diversifié ».

Cela fait 20 ans que je travaille au Bon Marché. Je suis arrivée par hasard; je cherchais du boulot et j’aimais la mode donc j’ai postulé et j’ai été embauchée. Je suis restée quelques années à la mode femme et lorsque j’ai émis le souhait de changer, j’ai tenté l’aventure avec Diptyque (mais toujours pour le BM). J’ai toujours été passionnée par les livres depuis toute petite et j’allais chaque année au salon du Livre. Depuis quelques années, je m’efforce de faire des choses qui me passionnent réellement. J’écris et je lis beaucoup, donc pourquoi ne pas vendre les livres aussi. Je vais aussi aux rencontres littéraires et j’ai participé à des ateliers d’écriture en français et en anglais. Et je prends énormément de plaisir à travailler à la librairie du BM.

Peux-tu nous parler un peu de ton parcours et de ce qui t’a menée à devenir libraire au Bon Marché ?

J’ai commencé par des études en économie après le bac, mais très vite j’ai compris que ce n’était pas ma tasse de thé alors je suis partie vivre en Angleterre en tant qu’au pair. J’ai découvert une culture qui se rapprochait un peu des traditions aux Antilles. Il ne faut pas oublier que la Martinique avait appartenu aux Anglais au moins deux fois dans son histoire. J’ai aussi séjourné au Etats Unis, donc on peut dire que mon parcours est culturellement « diversifié ».

Cela fait 20 ans que je travaille au Bon Marché. Je suis arrivée par hasard; je cherchais du boulot et j’aimais la mode donc j’ai postulé et j’ai été embauchée. Je suis restée quelques années à la mode femme et lorsque j’ai émis le souhait de changer, j’ai tenté l’aventure avec Diptyque (mais toujours pour le BM). J’ai toujours été passionnée par les livres depuis toute petite et j’allais chaque année au salon du Livre. Depuis quelques années, je m’efforce de faire des choses qui me passionnent réellement. J’écris et je lis beaucoup, donc pourquoi ne pas vendre les livres aussi. Je vais aussi aux rencontres littéraires et j’ai participé à des ateliers d’écriture en français et en anglais. Et je prends énormément de plaisir à travailler à la librairie du BM.

En quoi ton héritage caribéen a-t-il façonné ta relation à la littérature ?

J’ai grandi en Martinique baignée par la culture française, américaine et multi-culturelle antillaise (j’ai des origines indiennes donc ma culture est assez mélangée). J’ai lu quasiment tous les romans pour la jeunesse de l’époque comme Le club des cinq, Alice détective, les soeurs Parker.. pour les plus connus; par contre, à l’école, les histoires dans notre manuel scolaire parlait du folklore antillais.

Quel est le processus de sélection des livres pour la librairie ? As-tu une liberté de choix ou dois-tu suivre des directives précises ?

Tous les mois, nous recevons les représentants des fournisseurs des maisons d’édition qui nous présentent leur catalogue pour les deux mois à venir. Pour moi, il y a trois critère de choix : mes gouts personnels (il faut aussi qu’il y ait du plaisir), l’actualité (et c’est là que l’opinion du représentant entre en jeu, mais je suis aussi l’actualité littéraire sur les réseaux sociaux et dans les médias) et ce qui plait à notre clientèle. Et oui, nous avons la chance d’être libre dans nos choix.

Dans un espace comme Le Bon Marché, qui s’adresse à une clientèle majoritairement blanche et aisée, comment introduis-tu la littérature d’auteurs noirs ?

Lorsque je suis arrivée à la librairie, un couple qui partait en vacances aux Antilles m’a dit « Vous êtes de Martinique, c’est bien, nous aurons peut-être l’occasion d’avoir un peu plus d’auteurs caribéens ». Pour ma première sélection de l’été, parmi les six romans que j’avais choisis il y en avait un de Maryse Condé « La Belle Créole ». A la librairie, les auteurs francophones noirs sont presque toujours Condé, Confiant et Chamoiseau. Ce sont les plus connus et certainement ceux le plus facilement publiés par les grandes maisons d’édition. Après, il ya les auteurs noirs américains et parfois sud-américains ou de la Caraïbe anglophone ou hispanophones qui sont le plus souvent trouvés sur nos tables.

As-tu rencontré des difficultés pour faire entrer des livres d’auteurs noirs dans les rayons ? Si oui, comment les as-tu surmontées ?

Non, je n’ai pas eu de difficultés car la plupart des clients sont disposés à lire dès lors que le libraire arrive à leur faire partager son enthousiasme pour un livre ou un auteur.

Y a-t-il des auteurs noirs ou des ouvrages en particulier que tu es enthousiaste de promouvoir en ce moment ?

Eh bien, il y a quelques romans cet hiver qui sont plutôt intéressant comme le polar du sénégalais Macodou Attolodé « Etincelles Rebelles », l’histoire se déroule au Sénégal; Allison Mills Newman, Chigozie Obioma, etc.. Sinon, les romans d’auteurs noirs en anglais ont la côte avec la clientèle féminine et c’est assez souvent de la romance comme « You Made a Fool of Death With Your Beauty » de Akwaeke Emezi (autrice nigériane). J’ai commandé quelques titres dernièrement.

Remarques-tu une demande pour les livres d’auteurs noirs parmi la clientèle, ou est-ce un intérêt que tu dois activement susciter ?

J’ai de la demande en ce moment en anglais car c’est le Black History Month, et pour les romans traduits en français, j’essaie d’en lire au maximum pour pouvoir en parler aux clients.

As-tu observé une évolution dans l’intérêt des clients pour la diversité en littérature ?

Oui, nous avons tout de même une clientèle assez curieuse de découvrir de nouveaux auteurs.

Y a-t-il des livres qui t’ont profondément marquée ou que tu recommandes systématiquement ?

Chaque saison, il y a des livres, des auteurs qui sortent du lot et que je recommande car ce sont de vrais coup de coeur. Et il y a les auteurs que j’aime et dont je lis absolument tout comme l’auteur d’origine indienne Amir Mukherjee, l’américain Peter Swanson..

Si tu pouvais faire découvrir un seul livre à chaque client qui entre dans la librairie, lequel choisirais-tu et pourquoi ?

Il n’y a pas qu’un seul. C’est assez difficile à dire. En ce moment, ce serait celui de James McBride « L’épicerie du Paradis sur Terre » ou il met en avant les deux communautés dont il est issu, juive et noir. Les douze tribus d’Hattie de Ayana Mathis aussi. Sinon pour ma selection de cet été, l’un des livres que j’ai choisi est « C’était notre terre » de Kathleen Grissom qui raconte l’histoire vraie de la fille du chef de la tribu Crow dans les années 1870.

Penses-tu que des librairies haut de gamme comme celle-ci ont un rôle à jouer dans la diversification du paysage littéraire ?

Honnêtement, je ne sais pas car il faut tenir compte avant tout de l’actualité littéraire et ensuite chacun de nous, en fonction de ses goûts, essaie de proposer des titres différents de ce qui est mis en avant partout.

Qu’aimerais-tu voir évoluer dans l’industrie de l’édition ou de la librairie en matière de représentation ?

Je trouve que le monde de l’édition évolue tout de même déjà beaucoup. Il suffit de voir la place que prend la romance dans les ventes aujourd’hui. Au Bon Marché, nous avons dû prendre le train en marche car il y avait de la demande des nos jeunes clientes pour ce genre. On aime ou on n’aime pas. Certes en France, on pourrait penser que le monde de l’édition forme un cercle assez fermé, mais les nombreuses maisons d’édition indépendantes (comme Le Bruit du Monde, Le Chemin de Fer, La Peuplade..) apportent de la diversité.

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