Exploring Black Writers and Their Craft: A Deep Dive into Okechukwu Nzelu's Here Again Now
S’il y a bien une chose qui m’obsède sur cette terre, c’est l’authenticité de l’humain. Ces rares moments où la véritable âme d’un humain se révèle et s’impose. Here Again Now est un roman d’amour.
Achike aime Ekene. Ekene aime Achike.
Mais il y a entre eux une distance imperceptible. Une distance sur laquelle aucun des deux n’arrive à mettre le doigt. Ils ne se lâchent pas, pourtant. Comme deux planètes, ils se tournent autour, se frôlent sans jamais s’atteindre. Ils connaissent l’autre autant qu’ils se connaissent eux-mêmes… peut-être plus… Ils font partie l’un de l’autre. Ils sont au-delà de l’amitié, au-delà de l’amour.
Achike est un acteur en route vers la gloire. Ekene est un acteur qui n’a pas tant réussi. Il vient de perdre son boulot. Il se retrouve à vivre chez Achike. Achike est parti chercher son père pour qu’il puisse vivre avec eux. Entre Achike et son père, la relation est fissurée. De grosses lésions saignent leurs conversations, leur relation.
Chibuike aime son fils et tente d’aimer l’ami de son fils. Au milieu de tout ça, ou au travers de tout ça, il essaye d’apprendre à s’aimer. À se pardonner.
Arrive la fameuse nuit qui va les briser. Tous.
Love, Loss, and Identity in Contemporary Black Fiction
Achike meurt, laissant derrière lui deux êtres infiniment seuls qui vont devoir se soutenir dans cette épreuve.
Comme je l’ai dit… l’authenticité de l’humain. Pendant 288 pages, Okechukwu Nzelu plonge sa plume dans les pensées les plus intimes, les plus profondes de ces hommes. Des pensées et des émotions pour lesquelles il n’existe pas de mots. Ce genre de pensées qui s’expriment par la sensation d’un coup de poing dans l’estomac ou d’un flash de couleur vif devant les yeux. Okechukwu s’interroge sur la paternité et la relation aux enfants, comment l’absence ou la présence d’un père peut influencer et jouer avec la personnalité d’un fils.
Il décrit la solitude. Il décrit la peur. Il parle de la difficulté des hommes à se livrer. Il écrit ici un texte qui nous donne un aperçu de ce que ça donne lorsqu’un homme laisse de la place à sa vulnérabilité.
La relation d’Achike et d’Ekene est incroyablement bien écrite. J’ai adoré les découvrir au travers de leurs dialogues et de leurs descriptions. Lire Achike décrire Ekene, c’est regarder la lune tomber amoureuse du Soleil. C’est douloureux et désespérant, car on en connaît l’issue, on est cependant subjugué par la tendresse des mots utilisés.
Lire Ekene décrire Achike c’est comme regarder un ciel bleu au travers de nuages. Si les émotions d’Ekene sont claires, il les enfouit et les enterre sous des couches de raisons.
Mais si j’ai adoré lire la relation des deux hommes, le personnage qui m’aura le plus touché sera sans aucun doute, Chibuike. Chibuike a vu ces deux garçons grandir. Il les a vus s’éloigner de lui et créer un monde dans lequel il ne trouve pas sa place. Mais c’est un peu ça le personnage de Chibuike. C’est un être qui n’a, finalement, jamais réussi à trouver sa place. Ou plutôt si, il l’a trouvée très tôt, mais il la perd presque aussitôt lorsque son père décède. Le laissant perdu dans la découverte de sa masculinité. Et depuis, Chibuike n’a jamais cherché à se retrouver. Il se contente de suivre ce qui est demandé de lui.
L’écriture d’Okechukwu Nzelu est une plume tellement claire, tellement authentique. Les émotions qui, au début de l’histoire, forment une boule informe de cordes tendues et dures se défont soigneusement avec chaque souvenir, chaque petite phrase, chaque geste. Parfois ça fait mal, mais ça passe, parce qu’on sent qu’on évolue vers une meilleure version de ces hommes. Une version plus apaisée.
Il joue aussi avec les répétitions : de temps en temps, de personnages en personnages, une ou deux phrases se répètent, mais évoquées dans un contexte totalement différent, me donnant l’impression d’avoir trois hommes qui partagent la même âme et tentent de répondre à la question : comment être un homme et aimer ?
Je pourrais parler longtemps de Here Again Now et de tous ces extraits qui m’ont mis K.O à chaque fois, mais il faut savoir s’arrêter. Here Again Now est un merveilleux roman qui devrait parler à tout le monde. Je pourrais évoquer la description de la relation à l’homosexualité. Ici, elle se fait tendre et compréhensive avant de prendre un tour vicieux. Je pourrais parler de toutes les répétitions de phrases et de la manière dont leur signification change en fonction de qui la dit.